vineri, 17 iunie 2011

la douce france



c’est ca ma france

14/07/2009
Pentru mine Franţa e aşa:







“Admirer c’est aimer avec tendresse, avec respect… – C’est aimer sans dégoût possible, tu comprends. – Et ce qu’on ne ferait jamais – Pour quelqu’un même qu’on connaît, – Qu’on connaît bien, on le ferait – Tout à fait volontiers pour quelqu’un qu’on admire.
(Frans Hals
Sacha Guitry )














La Nausée, extrait
Jean-Paul Sartre

“La chose, qui attendait, s’est alertée, elle a fondu sur moi, elle se coule en moi, j’en suis plein. – Ce n’est rien: la Chose, c’est moi. L’existence, libérée, dégagée, reflue sur moi. J’existe.
J’existe. C’est doux, si doux, si lent.
Et léger: on dirait que ça tient en l’air tout seul. Ça remue. Ce sont des effleurements partout qui fondent et s’évanouissent. Tout doux, tout doux. Il y a de l’eau mousseuse dans ma bouche. Je l’avale, elle glisse dans ma gorge, elle me caresse – et la voila qui renaît dans ma bouche, j’ai dans la bouche à perpétuité une petite mare d’eau blanchâtre – discrète – qui frôle ma langue. Et cette mare, c’est encore moi. Et la langue. Et la gorge, c’est moi.
Je vois ma main, qui s’épanouit sur la table. Elle vit – c’est moi. Elle s’ouvre, les doigts se déploient et pointent. Elle est sur le dos. Elle me montre son ventre gras. Elle a l’air d’une bête à la renverse. Les doigts, ce sont les pattes. Je m’amuse à les faire remuer, très vite, comme les pattes d’un crabe qui est tombé sur le dos. Le crabe est mort: les pattes se recroquevillent, se ramènent sur le ventre de ma main. Je vois les ongles – la seule chose de moi qui ne vit pas. Et encore. Ma main se retourne, s’étale à plat ventre, elle m’offre à présent son dos. Un dos argenté, un peu brillant – on dirait un poisson, s’il n’y avait pas les poils roux à la naissance des phalanges. Je sens ma main. C’est moi, ces deux bêtes qui s’agitent au bout de mes bras. Ma main gratte une de ses pattes, avec l’ongle d’une autre patte; je sens son poids sur la table qui n’est pas moi. C’est long, long, cette impression de poids, ça ne passe pas. Il n’y a pas de raison pour que ça passe. A la longue, c’est intolérable… Je retire ma main, je la mets dans ma poche. Mais je sens tout de suite, à travers l’étoffe, la chaleur de ma cuisse. Aussitôt, je fais sauter ma main de ma poche; je la laisse pendre contre le dossier de la chaise. Maintenant, je sens son poids au bout de mon bras. Elle tire un peu, à peine, mollement, moelleusement, elle existe. Je n’insiste pas: ou que je la mette, elle continuera d’exister et je continuerai de sentir qu’elle existe; je ne peux pas la supprimer, ni supprimer le reste de mon corps, la chaleur humide qui salit ma chemise, ni toute cette graisse chaude qui tourne paresseusement comme si on la remuait à la cuiller, ni toutes les sensations qui se promènent là-dedans, qui vont et viennent, remontent de mon flanc à mon aisselle ou bien qui végètent doucement, du matin jusqu’au soir, dans leur coin habituel.
Je suis, j’existe, je pense donc je suis; je suis parce que je pense, pourquoi est-ce que je pense? je ne veux plus penser, je suis parce que je pense que je ne veux pas être, je pense que je… parce que… pouah!”







Spleen
Charles Baudelaire
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant le mur de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.






Tournesol
André Breton
La voyageuse qui traverse les Halles à la tombée de l’été
Marchait sur la pointe des pieds
Le désespoir roulait au ciel ses grands arums si beaux
Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de sels
Que seule a respiré la marraine de Dieu
Les torpeurs se déployaient comme la buée
Au Chien qui fume
Ou venaient d’entrer le pour et le contre
La jeune femme ne pouvait être vue d’eux que mal et de biais
Avais-je affaire à l’ambassadrice du salpêtre
Ou de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons pensée
Les lampions prenaient feu lentement dans les marronniers
La dame sans ombre s’agenouilla sur le Pont-au-Change
Rue Git-le-Coeur les timbres n’étaient plus les mêmes
Les promesses de nuits étaient enfin tenues
Les pigeons voyageurs les baisers de secours
Se joignaient aux seins de la belle inconnue
Dardés sous le crêpe des significations parfaites
Une ferme prospérait en plein Paris
Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée
Mais personne ne l’habitait encore à cause des survenants
Des survenants qu’on sait plus dévoués que les revenants
Les uns comme cette femme ont l’air de nager
Et dans l’amour il entre un peu de leur substance
Elle les intériorise
Je ne suis le jouet d’aucune puissance sensorielle
Et pourtant le grillon qui chantait dans les cheveux de cendres
Un soir près de la statue d’Etienne Marcel
M’a jeté un coup d’oeil d’intelligence
André Breton a-t-il dit passe

“Des milliards de morts. Ils multiplient mon angoisse. Je suis leurs agonies. Ma mort est innombrable. Tant d’univers s’éteignent en moi.”
(Le Roi se meurt
Eugène Ionesco )


“La solitude n’apprend pas à être seul, mais le seul.”
(Le crépuscule des pensées
Emil Cioran)



Chanson dada
Tristan Tzara (1923)
I
la chanson d’un dadaïste
qui avait dada au coeur
fatiguait trop son moteur
qui avait dada au coeur

l’ascenseur portait un roi
lourd fragile autonome
il coupa son grand bras droit
l’envoya au pape à rome

c’est pourquoi
l’ascenseur
n’avait plus dada au coeur

mangez du chocolat
lavez votre cerveau
dada
dada
buvez de l’eau

II
la chanson d’un dadaïste
qui n’était ni gai ni triste
et aimait une bicycliste
qui n’était ni gaie ni triste
mais l’époux le jour de l’an
savait tout et dans une crise
envoya au vatican
leurs deux corps en trois valises

ni amant
ni cycliste
n’étaient plus ni gais ni tristes

mangez de bons cerveaux
lavez votre soldat
dada
dada
buvez de l’eau

III
la chanson d’un bicycliste
qui était dada de coeur
qui était donc dadaïste
comme tous les dadas de coeur

un serpent portait des gants
il ferma vite la soupape
mit des gants en peau d’serpent
et vient embrasser le pape
c’est touchant
ventre en fleur
n’avait plus dada au coeur
buvez du lait d’oiseaux
lavez vos chocolats
dada
dada
mangez du veau



Paris at Night
Jacques Prévert
Trois allumettes, une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
et l’obscurité toute entière pour me rappeler tout cela
en te serrant dans mes bras.



Ma Bohème
Arthur Rimbaud
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal;
Oh! là là! que d’amours splendides j’ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!



“Comment mesurer la souffrance et la joie? Peut-on comparer le poids d’une larme au poids d’une goutte de sang?”
(Les bouches inutiles – Simone de Beauvoir)





Bonne Fête, France!
photo by gala
h1

Klimt şi sărutul perfect

14/07/2009
klimtAstăzi Gustav Klimt (14 iulie 1862 – 6 februarie 1918) pictor simbolist austriac, unul dintre membrii cei mai de seamă ai mişcării Art nouveau din Viena, influenţat în tablourile sale de stampele japoneze.
Sunt curioasă dintre cele două tablouri de mai jos pe care îl alegeţi, evident că vreau să ştiu şi de ce :)
“The Kiss” (1907-1908
Oil and gold leaf on canvas)


sau ” Accomplissement”

Iar ca fond muzical am ales-o pe Tanya Donelly care împlineşte 43 de ani astăzi şi care, zic eu, se regăseşte în îmbrăţişările lui Klimt:


Există o îmbrăţişare perfectă? Oare felul de a te lăsa îmbrăţişat/ sărutat, felul de a îmbrăţişa/săruta poate fi un semn, un semn al direcţiei în care va merge relaţia?
Afară se aud petardele, e ziua Franţei, au început sărbătoarea de la miezul nopţii. Îmi fuge gândul la sărutul-petardă. Cândva am simţit un sărut ca o explozie, o explozie chimică în care am ştiut că se ascunde iubirea cu cel mai ciudat gust simţit vreodată, un amestec de nectar şi gin tonic, un cocktail molotov pe care îl ascund şi acum în cel mai tainic sertar al sufletului. Nu vreau să-l pierd, nu mai explodează, dar stă aciuiat acolo şi din când în când face zgomot de fond, seamănă cu versurile melodiei de mai sus:

I’m keeping you I’m keeping you
I’m keeping you so realize your fate
I’m keeping you I’m keeping you
I’m keeping you so settle down now
You landed here from inner space
You landed with that screwed-up look on your face
I wanted you from way back when
I wanted you for years, then years again
I’m keeping you I’m keeping you
I’m keeping you so settle in now
My return to wildlife by satellite
By beautiful moon-shining girl
Whether by hard ground or splashdown
We’re safely back in the world
My heart’s not new
I’m not like you
I’ve loved and been loved well and badly too
My body’s been through everything
I’ve used and been used
I got over it
There’s something that you learn on a tightrope
Just outside the spotlight there’s a big net waiting for…
My return to wildlife by satellite
By beautiful moon-shining girl
Whether by hard ground or splashdown
We’re safely back in the world
I’m keeping you”
Acesta e sărutul de care îmi amintesc privindu-l pe Klimt, primul sărut petardă, stampă japoneză în faţa unui răsărit de culoarea veşmintelor cuplului de mai sus, a falezei asemănătoare celei din primul tablou, de care picioarele mele se aninau ca de senzualitate şi misterul celei dintâi minuni. Nu, nu primul sărut, doar cel mai “preţios” şi cel care mi-a vorbit de pomul vieţii din cel de-al doilea tablou, de ce înseamnă împlinirea şi cum te poţi contopi cu ea. Sărutul petardă ne dă lecţii de senzualitatea, de iubire şi de bogăţie în ritmul în care răsare soarele. Important e în faţa pomului vieţii să ştii încotro să mergi: la stânga sau la dreapta. Eu m-am rătăcit de la dreapta la stânga, voi sper să cântaţi “keeping you” şi să trageţi pe dreapta.