marți, 31 mai 2011

CERI/BENJAMIN FONDANE


■ CERI – Quand les dictatures se fissurent... , avec Jacques Sémelin, le 11 avril 2011 ■

© Jean-Pierre Tauzia | Fissure | 1994


Centre d’Études et de Recherches Internationales (CERI)
Sciences-Po | CNRS (Paris)
Jacques Sémelin, auteur de
Face au totalitarisme, la résistance civile (Bruxelles, André Versaille Éditeur, 2011)
Discutants :
Jean-Marie Charon, CNRS-EHESS
Marc Lazar, Professeur des Universités, Sciences-Po
La séance sera présidée par Pierre Hassner, chercheur associé, Sciences Po-CERI
Présentation du CERI
Qu’est-ce que «résister»? Comment des individus «ordinaires» parviennent-ils à lutter sans armes dans des situations d’extrême violence? Jacques Sémelin présente quinze années de recherche sur les ressources de la résistance civile au sein de systèmes autoritaires voire totalitaires. Une réflexion unique et toujours actuelle pour comprendre comment des hommes et des femmes peuvent se dresser contre une dictature.


·                 Image : Jean-Pierre Tauzia – Fissure, Dessin à l'encre au feutre sur papier, 21 x 27 cm., 1994, collection privée.
·                 Site du CERI



■ Ion Zubaşcu – in memoriam ■

Luiza Palanciuc | in memoriam Ion Zubaşcu (1948-2011)
Ion Zubaşcu (1948-2011)
Chant Premier
| extrait traduit du roumain |
Je me trouve en perpétuel état de disponibilité. Durant des journées entières, devant mes enfants (au fait : j’aurais aimé avoir tous les enfants qu’un couple d’humains peut avoir dans une vie), je me glisse dans un rôle ou dans un autre, je me surprends commencer à jouer ce rôle, j’attrape au vol toutes sortes d’ondes, par je ne sais quelles antennes de cet appareil psychotronique que je suis.
J’ai appris seul à jouer de la plupart des instruments de musique, je m’en suis bricolé de nouveaux, sur lesquels j’ai fait exercer mes doigts de pieds jusqu’à ce qu’ils soient aussi souples et mobiles que ceux des mains. J’ai ravivé le sens assoupi de mon odorat. Un été, pendant l’adolescence, je me suis retiré dans les montagnes de Tiblès et – avec quelques plantes et des fleurs sauvages aux parfums différents, pour chaque note musicale – je me suis faite une flûte de pan ; ainsi je courais dans les vallées, jouant de ma flûte, enivré par la musique des senteurs. Lorsque je suis redescendu à Dragomiresti, je ne supportais plus personne à mes côtés, pas même ma mère ou ma sœur Ileana.

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■ E. M. Cioran – fêlure ■

© Luiza Palanciuc | Cioran : fêlure | 2011
Tout à coup, je me trouvai seul devant… Je sentis, en cet après-midi de mon enfance, qu’un événement très grave venait de se produire. Ce fut mon premier éveil, le premier indice, le signe avant-coureur de la conscience. Jusqu’alors je n’avais été qu’un être. À partir de ce moment, j’étais plus et moins que cela. Chaque moi commence par une fêlure et une révélation.
©
  • Texte : E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né (extrait), Paris, Éditions Gallimard, 1973, p. 245.
  • Image : Luiza Palanciuc, Cioran : fêlure, 2011.
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BENJAMIN FONDANE

| tomber, les yeux ouverts, dans cette danse de l'être |

■ E. M. Cioran – Hamlet ■

© Luiza Palanciuc | Cioran : (en) Hamlet | 2011
Durant les longues nuits des cavernes, des Hamlets en quantité devaient monologuer sans cesse, car il est  permis de supposer que l’apogée du tourment métaphysique se situe bien avant cette fadeur universelle, consécutive à l’avènement de la Philosophie.
©
  • Texte : E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né (extrait), Paris, Éditions Gallimard, 1973, p. 30.
  • Image : Luiza Palanciuc, Cioran : (en) Hamlet, 2011.



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| tomber, les yeux ouverts, dans cette danse de l'être |

■ E. M. Cioran – froid ■

© Luiza Palanciuc | Cioran : froid | 2011
J’étais en parfaite santé, j’allais mieux que jamais. Tout à coup, un froid me saisit pour lequel il me parut évident qu’il n’y avait pas de remède. Que m’arrivait-il ? Ce n’était pourtant pas la première fois qu’une telle sensation me submergeait. Mais auparavant je la supportais sans essayer de la comprendre. Cette fois-ci, je voulais savoir, et tout de suite. J’écartai hypothèse après hypothèse : il ne pouvait être question de maladie. Pas ombre d’un symptôme auquel m’accrocher. Que faire ? J’étais en pleine déroute, incapable de trouver ne serait-ce qu’un simulacre d’explication, lorsque l’idée me vint – et ce fut un vrai soulagement – qu’il ne s’agissait là que d’une version du grand, de l’ultime froid, que c’était lui simplement qui s’exerçait, qui faisait une répétition…
©
  • Texte : E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né (extrait), Paris, Éditions Gallimard, 1973, p. 225-226.
  • Image : Luiza Palanciuc, Cioran : froid, 2011.


■ E. M. Cioran – éboulement ■

mai 24th, 2011 § 4 Commentaire
© Luiza Palanciuc | Cioran : éboulement | 2011
La «prière ininterrompue», telle que l’ont préconisée les hésychastes, je ne pourrais m’y élever, lors même que je perdrais la raison. De la piété je ne comprends que les débordements, les excès suspects, et l’ascèse ne me retiendrait pas un instant si on n’y rencontrait toutes ces choses qui sont le partage du mauvais moine: indolence, gloutonnerie, goût de la désolation, avidité et aversion du monde, tiraillement entre tragédie et équivoque, espoir d’un éboulement intérieur…
©
  • Texte : E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né (extrait), Paris, Éditions Gallimard, 1973, p. 181.
  • Image : Luiza Palanciuc, Cioran : éboulement, technique mixte (encre de Chine et montage numérique), 20 x 30 cm., 2011.

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jean paul galibert

§ 4 réponses à ■ E. M. Cioran – éboulement ■"

superbe
mais dans quel sens
le mouvement
est-il à lire?
    • Luiza Palanciuc dit :
Souvent, l’éboulement est là pour faire entendre la cascade. Char s’y était arrêté («On siffle la cascade de sublimé depuis l’éboulement de l’aqueduc.»). Le reste n’est dès lors que «simple» gravitation: impossible d’y échapper. Même quand on se meut très vite, quand on est (et entend le rester) décalé – comme ce fut le cas de Cioran. En l’occurrence, le décalage est à chercher plutôt sur l’horizontale : une sorte de déplacement (semblable aux taches de couleur qui ne tombent jamais tout à fait à l’intérieur du contour déjà tracé). La ferveur de Cioran est elle-même décalée, implosive : un éboulement vers le centre.
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BENJAMIN FONDANE

| tomber, les yeux ouverts, dans cette danse de l'être |

■ Fondane et le «dieu malin» | extrait | 1940 ■

mai 22nd, 2011 § Un commentaire
© Ben Ali Ong | Refluent Hours |
…clin d’œil sur les plaisirs (et les embûches) de la traduction, cet extrait de l’œuvre philosophique de Fondane.
Si quelque dieu malin, comme Descartes en a supposé un pour les besoins de sa dialectique, se fût proposé, dans un dessein qui nous échappe, de contredire l’un après l’autre tous les fondements de notre pensée logique et, en ayant conçu un schème parfait, l’eût placé dans un être humain afin d’établir la preuve qu’une telle pensée peut être adéquate aux choses, et un tel être viable – il n’eût put imaginer un tel type plus idoine à réaliser ce plan que celui que la «nature» nous a offert d’elle-même, semble-t-il, en créant l’homme primitif.
Dacă vreun (dumne)zeu viclean, aşijderea celui pe care Descartes şi-l închipuise pentru nevoile dialecticii sale, şi-ar fi propus, în vederea unor ţeluri care nouă ne scapă, să contrazică, unul după altul, toate temeiurile gândirii noastre logice şi, concepând o schemă desăvârşită, ar fi aşezat-o într-o făptură omenească, pentru a dovedi că o asemenea gândire se potriveşte cu lucrurile şi poate fiinţa într-o făptură, – n-ar fi izbutit să imagineze un tip mai potrivit să ducă la îndeplinire un atare plan, decât acela pe care „natura“ ni-l oferise, cu de la sine putere după cât se pare, creând omul primitiv.
  • Image : © Ben Ali Ong, Refluent Hours 4, 5, 6, triptych, 100×70 cm. each, United Galleries, Australian Contemporary Artwork.
  • Texte : Benjamin Fondane, extrait de l’article «Lévy-Bruhl et la métaphysique de la connaissance», paru dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, Paris, Alcan/Presses Universitaires de France, CXXXIX, janvier-juin 1940, p. 312 (sixième partie).
  • Traduction en roumain : Luiza Palanciuc & Mihai Şora (à paraître).
Pour citer cet article:
Gratias agimus.
Recherche :

BENJAMIN FONDANE

| tomber, les yeux ouverts, dans cette danse de l'être |

■ From Dada to Surrealism | exhibition | 1 June – 2 October 2011 ■

mai 22nd, 2011 § 3 Commentaire

Prochainement, au Pays-Bas, l’ouverture d’une exposition sur l’avant-garde juive roumaine.
Commissaire de l’exposition : Radu Stern, auteur, entre autres, du livre Against Fashion: Clothing As Art, 1850-1930, paru aux MIT Press, en 2004.
Détails et présentation de l’exposition, sur le site du Musée historique juif.

 

From Dada to Surrealism

1 June until 2 October 2011

Jewish Avant-Garde Artists from Romania

A magnificent survey exhibition of Jewish avant-garde artists from Romania will open at the Jewish Historical Museum (JHM) on 1 June 2011: From Dada to Surrealism, with more than seventy works of art from the period 1910-1938.Most of these works have never been on display before in the Netherlands, or anywhere outside Romania.
In the 1920, artists such as Victor Brauner (1903-1966), Marcel Janco (1895-1984), and Max Herman Maxy (1895-1971) astonished the public with their fearless experimentalism. Surrealist, abstract, and expressionistic works, picto-poetry, and personal variations on Constructivism -nothing was too radical for them. Along with fellow artists like Arthur Segal (1875-1944), they were present at the birth of an influential avant-garde movement.
In 1924, Brauner, Janco, and Maxy introduced the Romanian public to modern art from Europe for the first time. They came into the public eye again later through their contributions to well-known magazines like 75 HP, Punct, andIntegral. The exhibition From Dada to Surrealism presents the rise and development of a range of Jewish artists from Romania, highlighting Segal’s Neo-Impressionist art, Brauner’s Surrealist works, Janco’s portraits, landscapes, and genre scenes, and Maxy’s growing interest in social themes.
Developments on the Romanian art scene in the early twentieth century have received little serious study. Because of the deeply ingrained anti-Semitism of the Eastern Bloc at the time and in the decades that followed, art historians shied away from publishing research on artists of Jewish origin. As a result, their work long remained underappreciated in the West. The Jewish Historical Museum is now offering the public an opportunity to discover the unique achievements of these avant-garde artists. The exhibition From Dada to Surrealism: Jewish Avant-Garde Artists from Romania, 1910-1938 underscores the long-neglected importance of Bucharest to the European avant-garde and explores the relationship between Jewish identity and radical modernity. The exhibition will run until 2 October 2011.
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artistiromani

§ 3 réponses à ■ From Dada to Surrealism | exhibition | 1 June – 2 October 2011 ■"

  • Savin Vasile dit :
Mi-au plăcut dintotdeauna, fără a ţine cont de rasă. Explozia, după părerea mea, o constituie Ţuculescu ! Magistral ! (Arta nu poate fi ţinută sub obrocul… pământului strămoşesc / făgăduinţei !)
Ar trebui, totuşi, să citim, atent, Soljeniţîn !
  • Savin Vasile dit :
Soljeniţîn şi nu numai.
Vezi « Crocodil » (URSS), « Urzica » (România, etc.) şi ilustraţiile de carte realizate între 1950-1960 ! (Perahim, Poch, etc.) Admir arta fără a vedea … rasa. Prin urmare, sunt un … ales !
Restul e… literatura !
    • Restitutio Benjamin Fondane dit :
„Rasă“ este un termen impropriu (de altfel, adesea obiect de controverse teoretice) – cf. cercetătorii grupaţi în jurul lui Luigi Luca Cavalli-Sforza (pentru cei care caută contra-argumente genetice); pentru istoria problemei – cf. discursurile, mai mult sau mai puţin naţionaliste, începând cu secolul al XIX-lea, discursuri care suprapun noţiunea de „rasă“ peste aceea de „etnie“ sau aceea de „confesiune“.
Expoziţia de faţă se va deschide la Muzeul de istorie evreiască din Amsterdam; prin urmare, este firesc ca ea să aibă legătură directă cu artiştii evrei, cu iudaismul în general. Nu este deci vorba de vreo „închidere“ oarecare, ci, pur şi simplu (şi înainte de toate), de a corespunde cu vocaţia Muzeului.
În rest – desigur – artele (ca şi muzica ori matematicile) transcend dimensiunile (restrictive) ale unei confesiuni sau ale alteia.

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